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D’IBN BATOUTAH.

[texte arabe]

Je lui répondis : « Sur vous soient le salut, la miséricorde de Dieu et ses bénédictions ! » Il reprit en persan : « Qui es-tu ? » Je répliquai : « Je suis un homme égaré. — Et moi de même, » reprit-il. Là-dessus il attacha son aiguière à une corde qu’il avait sur lui, et puisa de l’eau. Je voulus boire ; mais il me dit : « Prends patience. » Puis il ouvrit sa sacoche, et en tira une poignée de pois chiches noirs, frits avec un peu de riz ; j’en mangeai et je bus. Cet individu fit ses ablutions, et une prière de deux génuflexions ; de mon côté, j’en fis autant. Il me demanda mon nom, et je répondis : « Mohammed. » Je l’interrogeai touchant le sien, et il me répondit : Alkalb Alfârih, « le cœur joyeux. » Je tirai de cela un présage favorable, et m’en réjouis.

Il me dit ensuite : « Au nom de Dieu, accompagne-moi. — Oui, » répliquai-je, et je marchai quelque peu avec lui ; puis j’éprouvai du relâchement dans mes membres et ne pus plus avancer. En conséquence, je m’assis. « Qu’as-tu donc. ? » me demanda mon compagnon. Je lui répondis : « Avant de te rencontrer, je pouvais marcher : mais à présent que j’ai