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VOYAGES

[texte arabe]

que sur sa tête il portait une couronne, qu’à ses deux côtés étaient de belles servantes, et que des fruits tombaient sans cesse dans des canaux qui se voyaient dans cet endroit. Je me figurais que je prenais une pomme pour la manger ; et voici que je m’aperçois que je suis dans la grotte, et que je vois le cheïkh devant moi, riant et se moquant de ma personne. J’en fis une forte maladie qui me dura plusieurs mois, et je ne retournai plus rendre visite à cet homme extraordinaire. »

Les habitants de ce pays-là croient que ce cheïkh est musulman ; mais personne ne l’a jamais vu prier. Pour ce qui est de l’abstinence des aliments, on peut dire qu’il est toujours à jeun. Le kâdhi m’a raconté ceci : « Un jour, dit-il, je lui parlai de la prière, et il me répondit : « Est-ce que tu sais, toi, ce que je fais ? Certes, ma prière diffère de la tienne. » Toutes les circonstances qui regardent cet homme sont étranges.

Le lendemain de mon entrevue avec ce cheïkh je partis pour retourner à la ville de Zeïtoûn, et, quelques jours après que j’y fus arrivé, on reçut un ordre du kân portant que