Page:Ibn Battuta - Voyages - Traduction Sanguinetti - Volume 4.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
D’IBN BATOUTAH.

[texte arabe]

teurs pour me parler de la mise en liberté de l’esclave. Je leur dis : « L’on intercède près de moi en faveur d’un esclave nègre qui a violé le respect qu’il devait à son maître, et hier, vous avez déposé le sultan Chihâb eddîn et vous l’avez tué, parce qu’il était entré dans la maison d’un de ses esclaves. » Et aussitôt j’ordonnai de frapper le coupable avec des baguettes de bambou, ce qui produit plus d’effet que les coups de fouet. Je le fis promener par toute l’île, ayant la corde au cou. Les messagers du vizir allèrent le trouver et l’instruisirent de ce qui s’était passé. Il montra une grande agitation et fut enflammé de colère. Il réunit les autres vizirs, les chefs de l’armée, et m’envoya chercher. Je me rendis près de lui. Or j’avais coutume de lui rendre hommage en fléchissant le genou. Cette fois-là je ne le fis pas, et me contentai de dire : « Que le salut soit sur vous ! » Puis je dis aux assistants : « Soyez témoins que je me dépouille des fonctions de kâdhi, parce que je suis dans l’impuissance de les exercer. » Le vizir m’ayant adressé la parole, je montai et m’assis dans un endroit où je me trouvais vis-à-vis de lui ; puis je lui répondis de la manière la plus