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VOYAGES

[texte arabe]

sonne qui entre dans cette île-là ait la fièvre. Je pris une forte résolution de partir de ce pays ; je vendis une portion de mes bijoux pour des cauris, et louai un vaisseau afin de me rendre dans le Bengale. Quand j’allai prendre congé du vizir, le kâdhi sortit à ma rencontre et me tint ce discours : « Le vizir te fait dire ceci : « Si tu veux t’éloigner, rends-nous ce que nous t’avons donné et pars ensuite. » Je répondis : « Avec une partie des bijoux j’ai acheté des cauris ; faites-en ce que vous voudrez. » Au bout de quelque temps le kâdhi revint me trouver. « Le vizir, reprit-il, dit ceci : « Nous t’avons donné de l’or, et non des cauris. » Je répliquai : « Eh bien ! je les vendrai et je vous rendrai l’or. » En conséquence, j’envoyai prier les marchands de m’acheter les coquillages. Mais le vizir leur ordonna de n’en rien faire ; car son dessein, en se conduisant ainsi, était de m’empêcher de m’éloigner de lui.

Ensuite il me députa un de ses familiers, qui me tint ce discours : « Le vizir te fait dire de rester près de nous et que tu auras tout ce que tu désireras. » Je dis en moi-même : « Je