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D’IBN BATOUTAH.

[texte arabe]

la jeune fille privée de sa virginité et morte. Ils ne cessaient pas chaque mois de tirer au sort, et celui qu’il atteignait livrait sa fille. Dans la suite arriva chez eux un Maghrébin, appelé Abou’Ibérécât, le Berbère, qui savait par cœur l’illustre Coran. Il se logea dans la maison d’une vieille femme de l’île Mahal. Un jour qu’il visitait son hôtesse, il trouva qu’elle avait rassemblé sa famille et que ces femmes pleuraient comme si elles eussent été à des funérailles. Il les questionna au sujet de leur affliction , mais elles ne lui en firent pas connaître la cause. Un drogman survint et lui apprit que le sort était tombé sur la vieille, et qu’elle n’avait qu’une seule fille, que devait tuer le mauvais génie. Abou’Ibérécât dit à la vieille : « J’irai cette nuit en place de ta fille. » Or, il était complètement imberbe. On l’emmena donc la nuit suivante, et on l’introduisit dans le temple d’idoles, après qu’il eut fait ses ablutions. Il se mit à réciter le Coran, puis il aperçut le démon par la fenêtre et continua sa récitation. Dès que le génie fut à portée de l’entendre, il se plongea