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VOYAGES

[texte arabe]

barquer. Les jonques étaient déjà parties, et il ne restait plus que celle qui renfermait le présent, une autre dont les propriétaires avaient résolu de passer l’hiver à Fandaraïna, et le cacam dont j’ai parlé. Nous passâmes sur le rivage la nuit du vendredi au samedi, ne pouvant nous embarquer sur le cacam ; ceux qui se trouvaient à bord ne pouvaient pas davantage venir nous trouver. Je n’avais gardé qu’un tapis pour me coucher. Le samedi au matin, la jonque et le cacam se trouvèrent loin du port. La mer jeta sur des rochers la jonque, dont l’équipage voulait gagner Fandaraïna ; elle fut brisée, une partie de ceux qui la montaient périrent, les autres échappèrent. Il y avait sur ce navire une jeune esclave appartenant à un certain marchand, et qui lui était fort chère. Il offrit de donner dix pièces d’or à quiconque la sauverait. Elle s’était attachée à une pièce de bois placée à l’arrière de la jonque. Un des marins d’Hormuz répondit à cet appel, et retira du danger la jeune fille. Mais il refusa de recevoir les pièces d’or et dit : « Je n’ai fait cela que pour l’amour de Dieu. »