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XVIII
AVERTISSEMENT.

Berny, auteur contemporain de Mohammed, que le jour où ce prince fit son entrée à Dihly, six semaines après son avènement au trône, ses trésoriers ayant chargé, d’après ses ordres, de robustes éléphants, de pièces d’or et d’argent, répandirent celles-ci sur l’assistance, et cela durant tout l’espace compris depuis la porte de Dihly jusqu’à celle du palais impérial[1]. Firichtah, qui répète ces détails, ajoute de plus qu’on jetait ces pièces de monnaie jusque sur les toits des maisons.

Il est question dans Ibn Batoutah (page 343) d’espions domestiques, que le souverain de l’Inde avait coutume de placer près de chaque émîr, quel que fût son rang. Firichtah nous apprend, en effet, que tel était l’usage d’un des prédécesseurs de Mohammed ibn Toghlok. « Le sultan ’Alâ eddîn, dit l’historien persan, établit des espions, de sorte que tout le bien et le mal commis par les habitants de la ville et du pays lui était parfaitement connu. Ce fut au point, que les conversations que les émirs et les hommes distingués de Dihly tenaient, la nuit, dans leurs maisons, avec leurs femmes et leurs enfants, l’empereur en avait connaissance dès le matin suivant.[2] Quand un de ces personnages paraissait en sa

  1. خازنان آن يادشه حاتم نشان حسب الفرمـان تنكَجان طلا ونفره بر فيلان كَردون نوان باركرده بودند ولز دروازهُ دهاى تادر دوانخانهٗ ساطانر در تمامر ان مسافت نقود نا معدود بر مفارق خاصّ وعامّ نثار مر نمودند. Habib assiyer, t. III, fol.  109 vo, 110 ro. Cf. Firichtah t. I, p. 236.
  2. Nous ne pouvons nous empêcher de faire observer qu’un fait particulier, raconté par Ibn Batoutah dans le passage cité plus haut, semble confirmer d’avance cette assertion de l’historien persan, postérieur de plus de deux siècles et demi à notre voyageur.