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le concierge, fatigué de l’attendre, avait glissée sous sa porte, il s’approcha de la lampe, ouvrit l’enveloppe, devint affreusement pâle et deux grosses larmes jaillirent de ses yeux.

Marthe éclata en sanglots. Quand elle sut que la mère de son amant était bien malade, elle eut une attaque de nerfs qui la secoua, affolée, trépidante, sur le lit. Il lui fut reconnaissant de cet excès de sensibilité. C’était, à la vérité, jeu de nerfs tendus plus qu’une émotion vraie et cependant, au mot de « mère, » elle avait senti comme un coup dans la poitrine. Son enfance à laquelle elle s’efforçait de ne pas songer, lui était subitement apparue, sa mère à elle était morte à la peine, elle la revoyait, se penchant sur son berceau, baisant ses mains quand elle les sortait du lit, lui souriant avec des larmes quand la chambre était froide. Un vieil air qu’elle lui chantait lui revint par bribes ; elle tenta de le retrouver, mais cette tension de mémoire achevant de la briser, elle s’endormit d’un sommeil de plomb jusqu’au lendemain matin.

Quand elle se réveilla, son amant était déjà debout et prêt à partir. Elle l’embrassa avec effusion, lui promit de lui écrire, voulut l’accom-