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des braises l’étourdissait, la tête lui tournait, sa volonté s’affaissait avec son corps, elle était comme liée et ne pouvant remuer bras ou jambes, elle dormassait, soaule et pâmée, devant le feu de charbon qui ronflait et lui brûlait la face. Parfois même, au lieu de cette torpeur qu’elle cherchait, la fièvre l’empoignait et avec elle l’hallucination, et de longs anéantissements d’où elle se réveillait brisée et comme morte. À ce jeu sa raison finissait par courir la prétentaine et sa tête, après s’être balancée sur sa gorge avec des nutations de magot, tombait pesamment sur ses genoux relevés et elle restait ainsi, inerte, abrutie, jusqu’à l’arrivée de Léo qui ouvrait toutes les fenêtres et, furieux, la traînait à l’air.

Sa patience se lassait. Un jour qu’elle butait contre les meubles, battue et comme aveuglée par d’atroces névralgies, il jeta toutes les bouteilles par la fenêtre. Elle le regarda avec cet œil résigné des chiens qu’on fouaille, puis elle se leva et, tout en larmes, le serra étroitement, lui demandant pardon, lui promettant de n’être plus malade, de lui rendre la vie heureuse.

Un soir qu’il rentrait, ramassant une lettre que