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et fut enterré, faute d’argent, dans l’un des recoins de la fosse commune.

Apathique et veule par tempérament, sa femme se redressa sous le coup qui la frappait, se mit vaillamment à l’ouvrage et quand Marthe, sa fille, eut atteint sa quinzième année et terminé son apprentissage, elle mourut à son tour et fut, comme son homme, enterrée au hasard d’un cimetière.

Marthe gagnait alors, comme ouvrière en perles fausses, un salaire de quatre francs par jour, mais le métier était fatigant et malsain et souvent elle ne pouvait l’exercer.

L’imitation de la perle se fabrique avec les écailles de l’ablette, pilées et réduites en une sorte de bouillie qu’un ouvrier tourne et retourne sans trêve. L’eau, l’alcali, les squames du poisson, le tout se gâte et devient un foyer d’infection à la moindre chaleur, aussi prépare-t-on cette pâte dans une cave. Plus elle est vieille, plus précieuse elle est. On la conserve dans des carafes, soigneusement bouchées, et l’on renouvelle de temps à autre le bain d’ammoniaque et d’eau.

Comme chez certains marchands de vins, les bouteilles portent la mention de l’année où elles