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rible dégoût pour l’homme qui l’avait ainsi frappée. Elle avait encore quelques sous dans sa poche ; elle vécut à l’hôtel tant que la trace de ces pugilats ne se fut point effacée, puis elle s’habilla de son mieux et se résolut à aller chercher abri chez l’une de ses camarades, une ancienne cabotine du théâtre de Bobino dont elle avait retrouvé l’adresse.

Cette femme était, depuis l’an trente-cinquième de son âge, entretenue par un vieillard marié, qui venait se consoler de la beauté de sa femme avec les grâces frelatées de sa maîtresse.

Quand Marthe arriva chez elle, Titine, vautrée sur un divan, se faisait inspecter la main par sa bonne qui lui expliquait en un charabia d’Auvergne, la désastreuse influence de la ligne de Saturne et s’étonnait qu’une femme de si peu de mœurs n’eût pas plus de grilles sur le mont de Vénus. Marthe interrompit la séance de chiromancie et expliqua en quelques mots à sa compagne le service qu’elle attendait d’elle.

— Tu tombes bien, ma chère, répondit la fille, il y a justement réunion ici, ce soir. Ce sera très-amusant, tu verras. Il y aura beaucoup de jeunes gens riches, et je pourrai, si tu le désires, te