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Il y avait tant de bonnes choses qu’elles ne se décidaient pas. — C’est beau comme un opéra ! Murmurait Désirée ravie. — Le fait est que, dans toute cette misère de toiles et de bâches, cette cahute reluisait avec un admirable clinquant de pompons rouges et de paillons d’or.

De grosses lampes de cuivre se balançaient au-dessus des devantures qui montaient jusqu’au toit, s’échancrant au milieu, formant comme une large embrasure où rayonnait une matrone impudente et grave.

Cette femme était flanquée, à droite, d’un amas de pavés au miel, de rouleaux de nonnettes, de cœurs d’Arras, de couronnes de Dijon, enveloppés de papier glacé, vergetés de lettres d’or, enrubannés de faveurs bleues, le tout sillonné par de gigantesques mirlitons, tendus de jaune, de lilas, de vert, ondés de spirales d’argent, écussonnés de devises tendres. — À sa gauche, gisait une armée de bonshommes en pain d’épice, mollasse et blond, les uns frustes, les autres savamment enjolivés de festons de pâte, diaprés de grains d’anis, grenelés de points de sucre ; vivandières, bourgeois, bersaglieri, généraux, tout s’y trouvait, même un lion à jambes de basset et à groin de porc.

Les deux femmes choisirent des cœurs tigrés de rouge tendre, puis la troupe alla voir la