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pieds au chaud, en vareuse, plutôt que d’aller s’enfermer pour voir des pîtres. Les lourds effluves du poêle lui coupaient bras et jambes, il ne bougeait de son fauteuil, amoiqué et ravi. Céline le traita de paresseux et, gentiment, lui prenant les mains, le tirant à elle, elle le fit lever, lui apporta ses bottines, son chapeau, s’attifa, elle-même, se trifouilla avec les doigts les frisons des cheveux, puis elle embrassa l’atelier d’un regard et, passant devant Cyprien, elle l’attendit sur le carré, pendant qu’il fermait la porte.

Elle marchait, dans la rue, silencieuse et un peu sombre. Sa gaieté s’était évanouie. Il s’inquiéta de ce changement, lui demanda si par hasard elle souffrait, mais elle se mit à rire et lui répondit que non.

Quand ils arrivèrent, toutes les places étaient déjà occupées ; ils durent reculer au delà des portes, enfiler un couloir, descendre quelques marches, suivre un corridor, badigeonné de chocolat, de vert-pomme, et tout imprégné des odeurs salines des urinoirs. Ils se heurtèrent, dans ce boyau mal éclairé qui courait derrière la salle, à des échelles fichées par des crampons aux murs. Une grande rumeur bruissait sur leur tête et à leur droite. Ils remontèrent un escalier et longèrent une cloison de verre qui séparait le théâtre d’un café. Une buée ternissait les vitres. Çà et