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tristesse à la pensée que toute leur vie d’autrefois s’était écroulée et qu’ils allaient, chacun de son côté, tâcher d’en réédifier une autre.

L’inquiétude, la peur qu’ils avaient surmontées jusqu’alors, les maîtrisèrent maintenant qu’ils restaient seuls devant cet inconnu où ils s’engageaient sans espoir de retraite.

Les deux sœurs trottinèrent sur le boulevard. Désirée, lasse et secouée, Céline pensive et grognant : — Tout ça c’est très-joli, mais puisque j’ai fini de m’occuper des autres, je vais commencer à songer à moi ou plutôt à mon peintre. Il va voir, lui, la façon aimable dont je vas le lâcher ! Et elle eut un geste de menace qui laissait entrevoir l’amas des turpitudes et des infamies qu’une femme peut vider sur un homme qu’elle hait après l’avoir aimé !