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clore la bouche avec des airs boudeurs et des menaces, entendre des soupirs qui en disaient long, subir des emportements qui se contenaient, des défiances qui couvaient l’injure !

Pour un peu, elle serait encore restée chez elle.

Leurs réunions si joyeuses, dans les premiers temps, devenaient lugubres. Elle avait avec cela, sans peut-être s’en rendre compte, des observations, des mots qui cassaient bras et jambes. Jadis, ils se promenaient ensemble ; tout à coup, il pleuvait. Elle acceptait gaiement l’aventure ; — maintenant elle grognait : Allons, bon, voilà de la pluie, je vais être trempée ; il ne manquait plus que cela !

Leur amour semblait vaciller par moments sous une poussée de mille bêtises, de mille riens qui, comme des termites, faisaient leurs trous, rongeaient sourdement les derniers liens qui les rattachaient. Lui, se désespérait, sentant sa femme lui échapper ; elle, se cabrait, le voyant résolu à la combattre. Auguste finissait par plier pourtant, avouait des torts qu’il ne reconnaissait plus lorsqu’il était loin d’elle, baissait la tête, la remerciant presque d’être venue, lorsqu’ironique et mauvaise, elle lui laissait entendre qu’elle aurait encore pu mentir à sa parole, en ne quittant pas sa chambre.

Et cependant que de leçons il avait apprises,