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ne pas la voir, qu’il était épris plus que jamais d’elle.

Céline lui fit aussi connaître le changement de domicile d’Auguste. Désirée fut un peu froissée qu’il eût agi de la sorte sans la prévenir. Elle ne comprit rien à l’aversion de la vieille femme pour sa demeure, fut injuste, s’alarma, craignit que son amoureux ne cherchât un prétexte pour la voir moins souvent, et elle eut cette mauvaise pensée que, n’ayant pu parvenir à la posséder, il voulait s’éloigner peu à peu d’elle. Mais toutes ses défiances s’évanouirent quand elle le revit. Il avait l’air si joyeux et il l’embrassa de si bon cœur qu’elle s’accusa de l’avoir soupçonné et qu’elle se fit pour lui plus charmante et plus douce. Cette intimité qui avait existé entre eux et qui, malgré tous leurs efforts, n’était plus la même depuis qu’il avait essayé de la pétrir dans un garno, reprit comme si rien ne s’était élevé entre eux.

Alors commencèrent les longues combinaisons, les projets ingénieux pour se rendre d’un bout de Paris à l’autre, sans frais et en quelques minutes. Auguste s’occupa du parcours des tramways, acheta, dans un bureau d’omnibus, un indicateur ; mais ce grimoire, avec ses accolades de grosses lettres et ses rangées de points ne leur apprit rien. Ils se tuèrent les yeux là-dessus, ne