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aperçoivent une première communiante ou une mariée en blanc. Cette couleur lui suggérait des idées touchantes, lui rappelait ses souvenirs chastes d’enfant, ses joies désirantes de vierge. — Auguste ou un autre, peu lui importait ; mais la pensée que sa petite Désirée trotterait, dans une église, avec une grappe d’oranger sur les cheveux et un voile balayant les dalles, lui causa une telle impression qu’elle plut des yeux à grosses gouttes, puis se pourfendit la bouche en un large rire, jura enfin qu’elle aiderait Céline à décider son père.

Un rendez-vous fut pris. Ce matin-là, Céline dit à sa sœur : Tu peux aller dîner, ce soir, avec Auguste, j’arrangerai cela. Tu pourras même t’en donner avec ton prétendu jusqu’à dix heures. Il est inutile que tu reviennes avant.

Désirée, qui était sevrée des rencontres à la brune, et harcelée par les prières et les révoltes d’Auguste, bondit et, sans en demander plus, s’en fut trouver le jeune homme et lui annonça la bonne nouvelle. Celui-ci entama un chahut d’allégresse vis-à-vis d’une pile, et il invita la petite à venir dîner avec lui au restaurant de la Belle Polonaise.

À l’atelier, Céline et la mère Teston dressèrent leurs batteries. Il demeura entendu que la vieille