Page:Huysmans - Les Sœurs Vatard, Charpentier, 1880.djvu/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La femme Teston en bâillait d’ahurissement. — Eh bien, après tout, dit-elle, Céline n’a pas tort ; pourquoi donc qu’elle donnerait comme les autres sa jeunesse à un tas de galvaudeux d’ouvriers qui lui mangeraient tout ce qu’elle gagne ?

— Eh ! dites-donc, vous, cria Chaudrut, tapez donc pas sur l’ouvrier.

— Des galvaudeux comme vous, répliqua la mère Teston !

— Allons, allons, voyons, maman, laissez donc Chaudrut tranquille, gémit la contre-maître.

— Moi, ce qui m’étonne, ricanait la petite, tout en curant ses chicots avec des bouts d’épingles, c’est que, lorsqu’on se paie des messieurs aussi ficelés, on ne se fasse pas payer en même temps des robes neuves.

Céline fut piquée.

— Mais certainement, que je vais en avoir, et comme tu n’en auras jamais des robes ! Va donc, hè ! ton entreteneur à toi, c’est le général Pavé ! Et puis, tiens, sais-tu, au lieu d’asticoter les autres, tu ferais vraiment mieux de te mettre les joues sous la presse, ça t’aplatirait peut-être les ballons qu’on t’a fourrés dans les gencives !

La femme Teston s’égueulait le visage à force de rire et ses yeux lui rentraient sous le front.

— Attrape ça, toi, dit-elle.