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vieilleries ! Moi, je n’en donnerais pas deux sous, mais je sais bien que ça vaut de l’argent, et puis il se privera sur autre chose, voilà tout ! Ensuite, ça m’est encore égal, il me donnera au moins l’étoffe et je ferai la façon moi-même. Ah çà, eh bien, et toi, où en es-tu avec ton homme ?

Désirée lui raconta la soirée. — C’est très gentil tout ça, reprit Céline, mais ce n’est pas sérieux ! Joue pas ce jeu-là, ma fille, tu y gâterais tes jupes ! Voyons, sincèrement, où veux-tu en venir avec Auguste ?

La petite ne répondait rien. — Tu n’as pas envie d’être sa maîtresse, n’est-ce pas ? Eh bien alors, il faut que tu prennes un parti. Tu ne peux pas rester ainsi, car enfin, est-ce que l’on peut prévoir ? ça n’oblige à rien, on se promène, on est calme, puis une risette vous court dans le haut du buste et descend, — va te faire fiche, on est propre ! Si les hommes savaient, on serait perdue avant qu’ils ne croient que c’est possible ! Mais ils sont si bêtes ! Ils ne se doutent de rien, la plupart du temps ; c’est pas quand ils attaquent qu’il faut se défier d’eux, c’est lorsqu’ils ont des airs attendris, qu’ils vous serrent le coude, qu’ils vous font mal aux mains sans le vouloir. Tu n’es pas comme moi, je le sais, mais prends garde tout de même. On dit que c’est les soirs d’orage, c’est encore des blagues ! Ça dépend de quoi ?