Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une balustrade de fer, corrodée par la cendre orangée des rouilles.

En s’approchant, l’œil plongeait jusqu’au fond de l’abîme. C’était la vraie margelle en moellons d’un véritable puits ; et ce puits semblait être en réparation, car l’échafaudage croisé des poutres qui soutenait les cloches, paraissait être dressé, du haut en bas du tube, pour étayer les murs.

— Approchez sans crainte, dit Carhaix, et dites-moi, Monsieur, si ce ne sont point là de belles filleules ! — Mais Durtal l’écoutait à peine ; il se sentait mal à l’aise dans ce vide, attiré par ce trou béant d’où s’échappait, en de lointaines bouffées, le tintement moribond de la cloche qui oscillait sans doute encore, avant que de rentrer immobile, dans un complet repos.

Il se recula.

— Vous n’avez pas envie de visiter le haut des tours ? reprit Carhaix, en désignant un escalier de fer, scellé dans la muraille même.

— Non, ce sera pour un autre jour.

Ils redescendirent et Carhaix, maintenant silencieux, ouvrit une nouvelle porte. Ils s’avancèrent dans une immense remise qui contenait des statues colossales et cassées de saints, des apôtres patraques et lépreux, des Saint Mathieu amputés d’une jambe et perclus d’un bras, des Saint Luc escortés d’une moitié de bœuf, des Saint Marc bancroches et