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Pour réparer les avaries de sa fortune, Gilles vend sa seigneurie de Saint-Étienne de Mer Morte à un sujet de Jean V, Guillaume le Ferron, qui délègue son frère Jean pour prendre possession de ces domaines.

Quelques jours après, le Maréchal réunit les deux cents hommes de sa maison militaire et il se dirige, à leur tête, sur Saint-Étienne. Là, le jour de la Pentecôte, alors que le peuple réuni entend la messe, il se précipite, la jusarme au poing, dans l’église, balaie d’un geste les rangs tumultueux des fidèles et, devant le prêtre interdit, menace d’égorger Jean le Ferron qui prie. La cérémonie est interrompue, les assistants prennent la fuite. Gilles traîne le Ferron qui demande grâce jusqu’au château, ordonne qu’on baisse le pont-levis et de force il occupe la place, tandis que son prisonnier est emporté et jeté à Tiffauges, dans un fond de geôle.

Il venait du même coup de violer le coutumier de Bretagne qui interdisait à tout baron de lever des troupes sans le consentement du Duc, et de commettre un double sacrilège, en profanant une chapelle et en s’emparant de Jean le Ferron qui était un clerc tonsuré d’Église.

L’Évêque apprend ce guet-apens et décide Jean V qui hésite pourtant, à marcher contre le rebelle. Alors tandis qu’une armée s’avance sur Saint-Étienne que Gilles abandonne pour se réfugier