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aussi, de connaître les prêtres, et ce sont, à Paris même, de braves gens qui font leur devoir, en somme. Ils sont couverts d’opprobres et de crachats, ils sont accusés par toute une racaille de vices immondes ! Mais il faudrait pourtant le dire à la fin, les abbés Boudes, les chanoines Docre sont, Dieu merci, des exceptions ; et, hors Paris, à la campagne, par exemple, il y a dans le clergé de véritables saints !

— Les prêtres sataniques sont peut-être en effet relativement rares et les luxures du clergé et les gredineries de l’épiscopat sont évidemment exagérées par une presse ignoble ; mais ce n’est pas cela, moi, que je leur reproche. S’ils n’étaient pas que joueurs et libertins, mais ils sont tièdes, ils sont indolents, ils sont imbéciles, ils sont médiocres ! ils commettent le péché contre le Saint Esprit, le seul que l’Exorable ne pardonne pas !

— Ils sont de leur temps, fit Durtal. Tu ne peux cependant exiger que l’on retrouve, dans le bain-marie des séminaires, l’âme du Moyen Âge !

— Puis, reprit Carhaix, notre ami oublie qu’il existe des ordres monastiques impeccables, les Chartreux, par exemple…

— Oui, et les Trappistes et les Franciscains ; mais ce sont des ordres cloîtrés qui vivent à l’abri d’un siècle infâme ; prenez, au contraire, celui de Saint Dominique qui est une société salonnière.