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l’étreignit, l’embrassa furieusement ; alors, avec des gémissements très doux, avec une sorte de roucoulement de gorge, elle renversa sa tête et étreignit sa jambe entre les siennes.

Il eut un cri de rage — car il sentait bouger ses hanches. — Il comprenait, ou croyait, cette fois, comprendre ! elle voulait une volupté d’avare, une espèce de péché solitaire, de joie muette…

Il la repoussa. Elle resta, toute pâle, suffoquant les yeux fermés, les mains tendues en avant, comme celles d’un enfant qui s’épeure… — Puis la colère de Durtal s’évanouit, car il hennissait ; — et marchant sur elle, il la reprit ; — mais elle se débattit, criant : non, je vous en supplie, laissez-moi !

Il la tenait, à plein corps, écrasée contre lui et il essayait de lui faire plier les reins.

— Oh ! je vous en supplie, laissez-moi partir !

Elle eut un accent si désespéré qu’il la lâcha. Puis, il se demanda s’il n’allait pas la jeter brutalement sur le tapis et tenter de la violer. Mais ses yeux égarés l’effrayèrent.

Elle haletait, les bras tombés, appuyée, toute blanche, contre sa bibliothèque.

— Ah ! fit-il, en marchant dans la pièce et en bousculant les meubles. Ah ! il faut vraiment que je vous aime pour que malgré toutes vos supplications et vos refus…