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qu’ils possèdent des génitoires et sont doués de vertus prolifiques…

— Oui, et il n’y a pas autre chose, dit Gévingey. Gorres, si savant, si précis, dans sa mystique naturelle et diabolique, passe rapidement sur cette question, la néglige même, comme fait l’Église, du reste, qui se tait, car elle n’aime pas à traiter ce sujet et elle voit d’un mauvais œil le prêtre qui s’en occupe.

— Pardon, dit Carhaix, toujours prêt à défendre l’Église, elle n’a jamais hésité à se prononcer sur ces ordures. L’existence des succubes et des incubes est attestée par Saint Augustin, par Saint Thomas, par Saint Bonaventure, par Denys le Chartreux, par le Pape Innocent VIII, par combien d’autres ! Cette question est donc résolument tranchée et tout catholique est tenu d’y croire ; elle figure aussi dans les vies de Saints, si je ne me trompe ; dans la légende de Saint Hippolyte, Jacques de Voragine raconte qu’un prêtre, tenté par un succube nu, lui jeta son étole à la tête et qu’il ne resta devant lui que le cadavre de quelque femme morte que le Diable avait animé pour le séduire.

— Oui, dit Gévingey, dont les yeux pétillèrent. L’Église reconnaît le succubat, j’en conviens ; mais laissez-moi parler et vous verrez que mon observation a sa raison d’être !