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et de son siècle, d’une vie de la Bienheureuse Jeanne de Valois, fondatrice de l’Annonciade, d’une biographie de la Vénérable Mère Anne de Xaintonge, institutrice de la Compagnie de Sainte-Ursule, d’autres livres du même genre, parus chez Lecoffre, chez Palmé, chez Poussielgue, de ces volumes que l’on ne se figure reliés qu’en basane racine ou en basane chagrinée, noire, Chantelouve préparait sa candidature à l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres et il espérait l’appui du parti des Ducs ; aussi recevait-il, une fois par semaine, des cagots influents, des hobereaux et des prêtres. C’était sans doute la corvée de sa vie, car, malgré sa pauvre allure de chatte mite, il était redondant et aimait à rire.

D’autre part, il tenait à figurer dans la littérature qui compte à Paris et il s’ingéniait à amener, un autre jour de la semaine, chez lui, les gens de lettres, à se réserver grâce à eux des aides, en tout cas à empêcher des attaques au moment où sa candidature toute cléricale se produirait ; c’était probablement pour attirer ses adversaires qu’il avait imaginé ces réunions baroques où, par curiosité, en effet, les gens les plus différents venaient.

Puis il y avait encore d’autres causes plus secrètes, quand on y songeait. Il avait la réputation d’un tapeur, d’un homme peu délicat, d’un