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voua au Diable. Ce prêtre avait été, lui-même, pourri, dès son enfance, par un ecclésiastique qui faisait partie d’une secte de Possédés, créée, le soir même du jour où fut guillotiné Louis XVI.

Ce qui se passa dans ce couvent où plusieurs nonnes, évidemment exaspérées par l’hystérie, s’associèrent aux démences érotiques et aux rages sacrilèges de Cantianille, rappelle à s’y méprendre les procès de la magie d’antan, les histoires de Gaufredy et de Madeleine Palud, d’Urbain Grandier et de Madeleine Bavent, du jésuite Girard et de La Cadière, des histoires sur lesquelles il y aurait, au point de vue de l’hystéro-épilepsie, d’une part, et du Diabolisme, de l’autre, beaucoup à dire. Toujours est-il que Cantianille renvoyée du couvent fut exorcisée par un certain prêtre du diocèse, l’abbé Thorey dont la cervelle ne paraît pas avoir bien résisté à ces pratiques. Ce fut bientôt, à Auxerre, de telles scènes scandaleuses, de telles crises diaboliques, que l’Évêque dut intervenir. Cantianille fut chassée du pays ; l’abbé Thorey fut frappé disciplinairement et l’affaire alla à Rome.

Ce qui est aussi curieux, c’est que l’Évêque, terrifié par ce qu’il avait vu, donna sa démission et se retira à Fontainebleau où il mourut, encore dans l’effroi, deux ans après.

— Mes amis, dit Carhaix qui consulta sa