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gnorait point qu’il ne pourrait, loin de la zone monastique, rester dans l’isolement. C’était l’ennui, à bref délai, le vide ; aussi pourquoi ne s’était-il rien réservé, pourquoi s’était-il confié tout entier au cloître ? il n’avait même pas su ménager le plaisir de rentrer dans son intérieur ; il avait découvert le moyen de perdre l’amusement du bibelot, de s’extirper cette dernière satisfaction, dans la blanche nudité d’une cellule ! il ne tenait plus à rien, gisait, démantelé, se disait : j’ai renoncé au peu de bonheur qui pouvait m’ échoir et je vais mettre quoi à la place ?

Et, terrifié, il perçut les inquiétudes d’une conscience habile à se tourmenter, les reproches permanents d’une tiédeur acquise, les appréhensions des doutes contre la Foi, la crainte des clameurs furieuses des sens remués par des rencontres.

Et il se répétait que le plus difficile ne serait pas encore de mater les émois de sa chair, mais bien de vivre chrétiennement, de se confesser, de communier, à Paris, dans une église. — Ça, jamais il n’y arriverait. — Et il supputait ses discussions avec l’abbé Gévresin, ses atermoiements, ses refus, prévoyait que leur amitié se traînerait dans des disputes.

Puis où se réfugier ? au souvenir seul de la Trappe, les représentations théâtrales de Saint-Sulpice le faisaient bondir. Saint-Séverin lui semblait et distrait et fade. Comment demeurer aussi parmi le peuple stupide des dévots, comment écouter, sans grincer des dents, les chants grimés des maîtrises ? Comment enfin retrouver dans la chapelle des Bénédictines, et même à Notre-Dame des Victoires, cette sourde chaleur rayonnant des