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aller chez les moines noirs de Solesmes ou de Ligugé, si vous voulez retrouver les mélodies grégoriennes exécutées, telles qu’elles le furent au Moyen Age. à propos, connaissez-vous, à Paris, les Bénédictines de la rue Monsieur ?

— Oui, mais ne pensez-vous point qu’elles roucoulent un peu ?

— Je ne dis pas ; n’empêche cependant que leur répertoire est authentique ; mais au petit séminaire de Versailles, vous avez mieux encore, puisqu’on y chante exactement comme à Solesmes ; remarquez-le bien, du reste, à Paris, quand les églises consentent à ne pas répudier les cantilènes liturgiques, elles usent, pour la plupart, de la fausse notation imprimée et répandue à foison dans tous les diocèses de France, par la maison Pustet, de Ratisbonne.

Or, les erreurs et les fraudes dont pullulent ces éditions sont avérées.

La légende sur laquelle ses partisans l’étayent est inexacte. Prétendre, ainsi qu’ils le font, que cette version n’est autre que celle de Palestrina qui fut chargé par le pape Paul v de réviser la liturgie musicale de l’église, est un argument dénué de véracité et privé de force, car tout le monde sait que lorsque Palestrina est mort il avait à peine commencé la correction du Graduel.

J’ajouterai que, quand bien même ce musicien aurait achevé son œuvre, cela ne prouverait pas que son interprétation devrait être préférée à celle qui a été récemment constituée, après de patientes recherches, par l’Abbaye de Solesmes ; car les textes Bénédictins s’appuient sur la copie conservée au monastère de Saint-