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sombre, et, pour obtenir ce résultat, il faut le style roman ou le gothique.

— Ah oui ! par exemple. — Et vous avez beaucoup de novices ?

— Nous avons surtout beaucoup de sujets qui désirent tâter de la vie des Trappes, mais la plupart ne parviennent pas à supporter notre régime. En dehors même de la question de savoir si la vocation des débutants est imaginaire ou réelle, nous sommes, au point de vue physique, après quinze jours d’essai, nettement fixés.

— Ce qui doit terrasser les constitutions les plus robustes, c’est ce repas unique de légumes ; je ne comprends même pas comment, en menant une existence active, vous pouvez y résister.

— La vérité, c’est que les corps obéissent quand les âmes sont résolues. Nos ancêtres l’enduraient bien, la vie des Trappes ! Ce qui manque aujourd’hui, ce sont les âmes. Je me souviens, moi, quand j’ai fait ma probation dans un cloître de Cîteaux, je n’avais aucune santé et pourtant j’aurais, s’il l’avait fallu, mangé des pierres !

Au reste, la règle sera prochainement adoucie, poursuivit l’abbé ; mais, dans tous les cas, il est un pays qui, en prévision d’une disette, nous assurerait un bon nombre de recrues, la Hollande.

Et voyant le regard étonné de Durtal, le père dit :

— Oui, dans ce pays protestant, la végétation mystique est florissante. Le Catholicisme y est d’autant plus fervent qu’il est, sinon persécuté, du moins méprisé, noyé dans la masse des luthériens. Peut-être cela tient-il aussi de la nature du sol, à ses plaines solitaires, à ses canaux silencieux, au goût même des hollandais pour une