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dans son œuvre, l’élève du disciple bien-aimé et de saint Thomas d’Aquin. On croirait entendre l’Ange de l’école paraphrasant le dernier des Evangiles !

— Oui, fit à son tour l’oblat ; si sainte Catherine de Sienne ne s’adonne pas aux hautes spéculations de la Mystique, si elle n’analyse point comme sainte Térèse les mystères de l’amour divin et ne trace pas l’itinéraire des âmes destinées à la vie parfaite, elle reflète directement au moins les entretiens du ciel. Elle appelle, elle aime ! Vous avez parcouru, Monsieur, ses traités de la Discrétion et de la Prière ?

— Non. J’ai lu Catherine de Gênes, mais les livres de Catherine de Sienne ne me sont jamais tombés entre les mains.

— Et ce recueil-ci, qu’en pensez-vous ?

Durtal regarda le titre et fit la moue.

— Je vois que Suso ne vous ravit guère.

— Je mentirais si je vous assurais que les dissertations de ce Dominicain m’enchantent. D’abord, l’illuminé que fut cet homme ne m’attire pas. Sans parler de la frénésie de ses pénitences, quelle minutie de dévotion, quelle étroitesse de piété fut la sienne ! Songez qu’il ne pouvait se décider à boire sans avoir, au préalable, divisé son breuvage en cinq parts. Il pensait honorer ainsi les cinq plaies du Sauveur ; et encore avalait-il en deux fois sa dernière gorgée, pour s’évoquer l’eau et le sang qui sortirent du flanc du Verbe.

Non, ça ne m’entre pas dans la caboche, ces choses-là ; jamais, je n’admettrai que de semblables pratiques puissent glorifier le Christ !

Et, remarquez bien que cet amour des égrugeures,