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d’entre nous qui a commis une faute contre la règle se prosterne et l’avoue devant ses frères.

Ils se rendirent de là au réfectoire. Cette pièce aussi haute de plafond, mais plus petite, était garnie de tables dessinant la forme d’un fer à cheval. Des sortes de grands huiliers contenant, chacun, deux demi-bouteilles de piquette séparées par une carafe et, devant eux, des tasses de terre brune à deux anses servant de verres, y étaient, de distance en distance, posés. Le moine expliqua que ces faux huiliers à trois branches indiquaient la place de deux couverts, chaque moine ayant droit à sa demi-bouteille de boisson et partageant avec son voisin l’eau de la carafe.

— Cette chaire, reprit le P. Etienne, en désignant un grand coquetier de bois, adossé à la muraille, est destinée au lecteur de semaine, au père qui fait la lecture pendant le repas.

— Et il dure combien de temps ce repas ?

— Juste une demi-heure.

— Oui, et la cuisine que nous autres nous mangeons est une cuisine délicate, en comparaison de celle qu’on sert aux moines, dit l’oblat.

— Je mentirais si je vous affirmais que nous nous régalons, répondit l’hôtelier. Savez-vous ce qui est le plus pénible à supporter, les premiers temps surtout, c’est le manque d’assaisonnement des plats. Le poivre et les épices sont interdits par la règle, et comme aucune salière ne figure sur notre table, nous avalons tels quels des aliments qui sont à peine salés, pour la plupart.

Certains jours d’été, lorsque l’on sue à grosses gouttes,