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visitant le couvent et surtout la bibliothèque que le père serait ravi de lui montrer.

— Si cela me convient, mais certainement ! s’écria Durtal.

Ils retournèrent, tous les trois, vers l’abbaye ; le moine souleva le loquet d’une petite porte creusée dans un mur près de l’église et Durtal pénétra dans un cimetière minuscule, planté de croix de bois sur des tombes d’herbe.

Il n’y avait aucune inscription, aucune fleur dans cet enclos qu’ils traversèrent ; le moine poussa une autre porte et ils débouchèrent dans un long couloir qui puait le rat. Au bout de ce couloir, Durtal reconnut l’escalier qu’il avait franchi, un matin, pour aller se confesser chez le prieur. Ils le laissèrent à leur gauche, tournèrent dans une autre galerie et l’hôtelier les introduisit dans une salle immense, percée de hautes fenêtres, décorée de trumeaux du XVIIIe siècle et de grisailles ; elle était exclusivement meublée de bancs et de stalles au-dessus desquels, un siège isolé, sculpté d’armes abbatiales peintes, marquait la place de Dom Anselme.

— Oh ! cette salle du chapitre, elle n’a rien de monastique ! dit le P. Etienne, en désignant les peintures profanes des murs ; nous avons conservé tel quel le salon de cet ancien château, mais je vous prie de croire que ce décor ne nous plaît guère.

— Et que fait-on dans cette salle ?

— Mais, nous nous y réunissons après la messe ; le chapitre s’ouvre par la lecture du martyrologe, suivie des dernières prières de Prime. Puis on lit un passage de la règle que le P. abbé commente. Enfin, nous pratiquons l’exercice d’humilité, c’est-à-dire que celui