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VIII



Il avait espéré, pour son dernier jour à la Trappe, une matinée de quiétude et de flâne d’esprit, une mitigation de sieste spirituelle et de réveil charmé par des mélopées d’offices et, pas du tout, l’idée envahissante, têtue, qu’il allait quitter, le lendemain, le monastère, lui gâtait toutes les joies qu’il s’était promises.

Maintenant qu’il n’avait plus à se monder, à se passer au van des confessions, à se présenter à la susception matinale du Viatique, il restait irrésolu, ne sachant plus à quoi occuper son temps, ahuri par cette reprise de la vie profane qui renversait ses barrages d’oubli, qui l’atteignait déjà par-dessus les digues franchies du cloître.

Ainsi qu’une bête capturée, il commença de se frotter contre les barreaux de sa cage, fit le tour de la clôture, s’emplissant la vue de ces paysages où il avait égoutté de si clémentes et de si cruelles heures.