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— La pluie cesse, dit Durtal ; j’ai envie de visiter aujourd’hui cette petite chapelle, au bout du parc, dont vous m’avez parlé, l’autre jour. Quel est le chemin le plus court pour l’accoster ?

M. Bruno lui établit son itinéraire et Durtal s’en fut, en roulant une cigarette, rejoindre le grand étang ; là, il bifurqua par un sentier, sur la gauche, et escalada une ruelle d’arbres.

Il glissait sur la terre détrempée, avançait avec peine. Il finit par atteindre cependant un bouquet de noyers qu’il contourna. Derrière eux, s’élevait une tour naine coiffée d’un minuscule dôme et percée d’une porte. A gauche et à droite de cette porte, sur des socles où des ornements de l’époque romane apparaissaient encore sous la croûte veloutée des mousses, deux anges de pierre étaient debout.

Ils appartenaient évidemment à l’école Bourguignonne, avec leurs grosses têtes rondes, leurs cheveux ébouriffés et divisés en ondes, leurs faces joufflues au nez relevé, leurs solides draperies à tuyaux durs. Eux aussi provenaient des ruines du vieux cloître, mais ce qui était malheureusement bien moderne, c’était l’intérieur de cette chapelle si exiguë que les pieds touchaient presque le mur d’entrée lorsqu’on s’agenouillait devant l’autel.

Dans une niche enfumée par une gaze blanche, une Vierge qui exhibait des yeux en plâtre bleu et deux pommes d’api à la place des joues, souriait en étendant les mains. Elle était d’une insignifiance vraiment gênante, mais son sanctuaire, qui gardait la tiédeur des pièces toujours closes, était intime. Les cloisons tapissées de lustrine rouge étaient époussetées, le plancher était balayé et les bénitiers pleins, de superbes roses-thé