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Foi, mais dans sa seconde strophe, elle s’élance, adule la gloire des trois personnes, exulte d’allégresse, ne se reprend qu’à la fin où la musique ajoute un sens nouveau au texte de saint Thomas, en avouant dans un long, dans un dolent amen, l’indignité de l’assistance à recevoir la bénédiction de la chair remise sur cette croix que l’ostensoir va dessiner dans l’air.

Et, lentement, tandis que, déroulant sa spirale de fumée, l’encensoir tendait comme une gaze bleue devant l’autel, tandis que le saint-sacrement se levait, tel qu’une lune d’or, parmi les étoiles des cierges scintillant dans les ténèbres commencées de cette brume, les cloches de l’abbaye tintèrent, à coups précipités et doux. Et tous les moines accroupis, les yeux fermés, se redressèrent et entonnèrent le « Laudate » sur la vieille mélodie qui se chante également à Notre-Dame-des-Victoires, au Salut du soir.

Puis, un à un, après s’être agenouillés devant l’autel, ils sortirent de l’église, pendant que Durtal et l’oblat retournaient à l’hôtellerie où les attendait le P. Étienne.

Il dit à Durtal : — Je ne voulais pas aller me coucher, sans savoir comment vous aviez supporté la journée ; et comme Durtal le remerciait, en l’assurant que ce dimanche avait été très pacifique, le père étienne sourit et révéla, en un mot, que, sous leur attitude réservée, tous à la Trappe, s’intéressaient à leur hôte plus que lui-même ne le croyait.

Le R. P. abbé et le P. prieur vont être contents quand je vais leur donner cette réponse, dit le moine, qui souhaita bonne nuit à Durtal, en lui serrant la main.