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parfaite. Après la bénédiction, la voix la plus amenuisée, la plus filiforme de la maîtrise, la voix du plus petit des enfants lançait, ainsi qu’un qui vive, la leçon brève tirée de la première épître de saint Pierre, avertissant les fidèles qu’ils aient à être sobres et à veiller pour ne pas se laisser surprendre à l’improviste. Un prêtre récitait ensuite les prières habituées des soirs, l’orgue de chœur donnait l’intonation et les psaumes tombaient, psalmodiés, un à un, des psaumes crépusculaires où, devant ces approches de la nuit peuplée de lémures et sillonnée de larves, l’homme appelle Dieu à l’aide et le prie d’éloigner de son sommeil le viol des chemineaux de l’enfer, le stupre des lamies qui passent.

Et l’hymne de saint Ambroise, le « Te lucis ante terminum », précisait davantage encore le sens épars de ces psaumes, le résumait en ses courtes strophes. Malheureusement la plus importante, celle qui prévoit et décèle les dangers luxurieux de l’ombre, était engloutie par les grandes orgues. Cette hymne à Saint-Sulpice ne se clamait pas en plain-chant, ainsi qu’à la Trappe, mais il s’entonnait sur un air pompeux et martelé, un air emballé de gloire, d’une assez fière allure, originaire sans doute du XVIIIe siècle.

Puis, c’était une pause — et l’homme se sentait mieux à l’abri, derrière ce rempart d’invocations, se recueillait alors, plus rassuré, et empruntait des voix innocentes pour adresser à Dieu de nouvelles suppliques. Après le capitule débité par l’officiant, les enfants de la maîtrise chantaient le répons bref « In manus tuas, Domine, commendo spiritum meum » qui se déroulait en se bissant, puis se dédoublait et ressoudait à la fin ses deux