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fioritures le plain-chant. Les décrets du Concile de Trente ne sont pas, à ce point de vue, moins nets, et, tout récemment encore, un règlement de la sacrée congrégation des Rites est intervenu pour proscrire les sabbats musicaux dans les lieux saints.

Alors que font les curés qui sont, en somme, chargés de la police musicale dans leurs églises ? rien, ils s’en fichent.

Ah ! ce n’est pas pour dire, mais avec ces prêtres qui, dans l’espoir d’une recette, permettent, les jours de fête, à des voix retroussées d’actrices de danser le chahut aux sons pesants de l’orgue, elle est devenue quelque chose de pas bien propre, la pauvre Eglise !

A Saint-Sulpice, reprit Durtal, le curé tolère la vilenie des gaudrioles qu’on lui sert, mais il n’admet pas au moins, comme celui de Saint-Séverin, que des cabotines égaient, le Vendredi-Saint, par les éclats débraillés de leurs voix, l’office. Il n’a pas encore accepté non plus le solo de cor anglais que j’ai ouï, un soir d’Adoration perpétuelle, à Saint-Thomas. Enfin, si les grands Saluts à Saint-Sulpice sont une honte, les Complies y restent, malgré leur attitude théâtrale, vraiment charmantes.

Et Durtal songea à ces Complies dont la paternité est souvent attribuée à saint Benoît ; elles étaient, en somme, la prière intégrale des soirs, l’adjuration préventive, la sauvegarde contre les entreprises du Succubat ; elles étaient, en quelque sorte, des sentinelles avancées, des grand’gardes posées autour de l’âme, pour la protéger, pendant la nuit.

Et l’ordonnance de ce camp retranché de prières était