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au découragement, qui est la pire des tentations, car, dans les autres, Satan n’attaque qu’une vertu en particulier et il se montre, tandis que, dans celle-là, il les attaque toutes en même temps et il se cache.

Et cela est si vrai que si vous êtes séduit par la concupiscence, par l’amour de l’argent, par l’orgueil, vous pouvez, en vous examinant, vous rendre compte de la nature de la tentation qui vous épuise ; dans le découragement, au contraire, votre entendement est obscurci à un tel degré que vous ne soupçonnez même pas que cet état, dans lequel vous croupissez, n’est qu’une manœuvre diabolique qu’il faut combattre ; et vous lâchez tout, vous livrez même la seule arme qui pouvait vous sauver, la prière, dont le Démon vous détourne ainsi que d’une chose vaine.

N’hésitez donc jamais à couper le mal dans sa racine, à soigner le scrupule aussitôt qu’il naît.

Maintenant, dites-moi, vous n’avez pas autre chose à confesser ?

— Non, si ce n’est l’indésir de l’Eucharistie, la langueur dans laquelle maintenant je fonds.

— Il y a de la fatigue dans votre cas, car l’on n’endure pas impunément un pareil choc ; ne vous inquiétez pas de cela - ayez confiance - ne prétendez point vous présenter devant Dieu, tiré à quatre épingles ; allez à lui, simplement, naturellement, en négligé même, tel que vous êtes ; n’oubliez pas que si vous êtes un serviteur, vous êtes aussi un fils ; ayez bon courage, Notre Seigneur va dissiper tous ces cauchemars.

Et lorsqu’il eut reçu l’absolution, Durtal descendit à l’église, pour attendre l’heure de la messe.