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ne se reproche pas l’affection si discrète qu’il a pour moi ; car, dans les couvents, toute amitié est interdite !

Il se remémorait, dans le « Chemin de la perfection » de sainte Thérèse, une page à la fois ardente et glacée où elle crie le néant des liaisons humaines, déclare que l’amitié est une faiblesse, avère nettement que toute religieuse qui désire voir ses proches est imparfaite.

— Venez, dit le P. Étienne qui interrompit ses réflexions et le poussa par la porte d’où sortait un moine, dans la cellule. Le P. Maximin y était assis, près d’un prie-dieu.

Durtal s’agenouilla et lui raconta, brièvement, ses scrupules, ses luttes de la veille.

— Ce qui vous arrive n’est pas surprenant après une conversion ; au reste, c’est bon signe, car, seules, les personnes sur lesquelles Dieu a des vues sont soumises à ces épreuves, dit lentement le moine, lorsque Durtal eut terminé son récit.

Et il poursuivit :

— Maintenant que vous n’avez plus de péchés graves, le Démon s’efforce de vous noyer dans un crachat. En somme, dans ces épisodes d’une malice aux abois, il y a pour vous tentation et non pas faute.

Vous avez, si je sais résumer vos aveux, subi la tentation de la chair et de la Foi et vous avez été torturé par le scrupule.

Laissons de côté les visions sensuelles ; telles qu’elles se sont produites, elles demeurent indépendantes de votre volonté, pénibles, sans doute, mais inactives.

Les doutes sur la Foi sont plus dangereux.