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vieillard. Il sourit et les invita d’un signe à le suivre.

Il les introduisit dans une étable et Durtal recula, assourdi par des cris affreux, suffoqué par l’ardeur pestilentielle des purins. Tous les porcs se dressaient debout, derrière leur barrière, hurlaient d’allégresse, à la vue du frère.

— Paix, paix, fit le vieillard, d’une voix douce, et, haussant le bras au-dessus des palis, il cajola les groins qui s’étouffaient à grogner, en le flairant.

Il tira Durtal par la manche, et le faisant pencher au-dessus du treillage, il lui montra une énorme truie au nez retroussé, de race anglaise, un animal monstrueux, entouré d’une bande de gorets qui se ruaient, ainsi que des enragés, sur des tétines.

— Oui, ma belle, va, ma belle, murmura le vieux, en lui lissant les soies avec la main.

Et la truie le regardait avec des petits yeux languissants et lui léchait les doigts ; elle finit par pousser des clameurs abominables lorsqu’il partit.

Et le frère Siméon exhiba d’autres élèves, des cochons avec des oreilles en pavillon de trompe et des queues en tire-bouchons, des truies dont les ventres traînaient et dont les pattes semblaient à peine sorties du corps, des nouveau-nés qui pillaient goulûment la calebasse des pis, et d’autres plus grands qui jouaient à se poursuivre et se roulaient dans la boue, en reniflant.

Durtal lui fit compliment de ses bêtes et le vieillard jubila, s’essuya, avec sa grosse main, le front ; puis, sur une question de l’oblat s’informant de la portée de telle truie, il têtait ses doigts à la file ; répondait à cette réflexion que ces animaux étaient vraiment voraces, en