Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vraient les péchés, à leurs mauvaises odeurs ; saint Hilarion, sainte Lutgarde, Gentille de Ravenne, pouvaient dire à ceux qu’ils rencontraient, rien qu’en les flairant, les fautes qu’ils avaient commises.

Et les Saints épandent, eux-mêmes, de leur vivant et après leur mort, de puissants parfums.

Quand saint François de Paule et Venturini de Bergame offrent le sacrifice, ils embaument. — Saint Joseph de Cupertino secrète de telles fragrances qu’on peut le suivre à la piste ; et, quelquefois, c’est, pendant la maladie, que ces aromes se dégagent.

Le pus de saint Jean de la Croix et du Bienheureux Didée fleurait les essences candides et décidées des lis ; Barthole, le tertiaire, rongé jusqu’aux os par la lèpre, exhalait de naïves émanations et il en était de même de Lidwine, d’Ida de Louvain, de sainte Colette, de sainte Humiliane, de Marie-Victoire de Gênes, de Dominique de Paradis, dont les plaies étaient des cassolettes d’où s’échappaient de fraîches senteurs.

Et nous pourrions ainsi énumérer les organes, les sens, les uns après les autres, nous y constaterions d’exorbitants effets. Sans parler de ces fidèles stigmates qui s’ouvrent ou se ferment suivant le Propre de l’année liturgique, quoi de plus stupéfiant que le don de bilocation, le pouvoir de se dédoubler, d’être en même temps, au même moment, dans deux endroits ? Et pourtant de nombreux exemples de ce fait incroyable s’imposent ; plusieurs même sont célèbres, entre autres ceux de saint Antoine de Padoue, de saint François Xavier, de Marie d’Agreda qui était à la fois dans son monastère en Espagne et au Mexique où elle prêchait les mécréants, de