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Il atteignit ainsi l’heure des Vêpres et le souper. Après ce repas, il retourna dans le parc.

Et alors les litiges en léthargie se ranimèrent et tout revint. Ce fut une mêlée furieuse dans tout son être. Il restait là, immobile, s’écoutait, atterré, quand un pas rapide s’approcha et M. Bruno lui dit :

— Prenez garde, vous êtes sous le coup d’une attaque démoniaque !

Et comme Durtal, stupéfait, ne répondait pas.

— Oui, fit-il ; le bon Dieu m’accorde parfois des intuitions, et je suis certain, à l’heure qu’il est, que le diable vous travaille les côtes. Voyons, qu’avez-vous ?

— J’ai… que je n’y comprends rien moi-même ; et Durtal narra l’étonnante bataille qu’il se livrait depuis le matin, à propos du chapelet.

— Mais c’est fou, s’écria l’oblat ; c’est dix grains que le prieur vous a commandé de dire : dix chapelets sont impossibles à réciter !

— Je le sais… et cependant je doute encore.

— C’est toujours la même tactique, fit M. Bruno ; arriver à vous dégoûter de la chose qu’on doit pratiquer ; oui, le diable a voulu vous rendre le chapelet odieux, 8 en vous accablant. Puis qu’y a-t-il encore ? vous n’avez pas envie de communier demain ?

— C’est vrai, répondit Durtal.

— Je m’en doutais, lorsque je vous observai pendant le repas. Ah ! dame, après les conversions, le Malin s’agite ; et ce n’est rien, il m’en a fait voir à moi de plus dures que cela, je vous prie de le croire.