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— Absolument, ils donnent l’exemple ; tous avalent la même pitance et couchent dans le même dortoir, sur des lits pareils ; c’est l’égalité absolue. Seulement, les pères ont l’avantage de chanter l’office et d’obtenir des communions plus fréquentes.

— Parmi les convers, il en estdeux qui m’ ont particulièrement intéressé, l’un, tout jeune, un grand blond qui a une barbe allongée en pointe, l’autre un très vieux, tout courbé.

— Le jeune est le frère Anaclet ; c’est une véritable colonne de prières que ce jeune homme et l’une des plus précieuses recrues dont le ciel ait doté notre abbaye. Quant au vieux Siméon, il est un enfant des Trappes, car il a été élevé dans un orphelinat de l’ordre. Celui-là est une âme extraordinaire, un véritable saint, qui vit déjà fondu en Dieu. Nous en causerons plus longuement, un autre jour, car il est temps que nous descendions ; l’heure de Sexte est proche.

Tenez, voici le chapelet que je me suis permis de vous offrir. Laissez-moi y joindre une médaille de saint Benoît. — Et il remit à Durtal un petit chapelet de bois et l’étrange rondelle, gravée de lettres cabalistiques, qu’est l’amulette de saint Benoît.

— Vous connaissez le sens de ces signes ?

— Oui, je l’ai lu autrefois dans une brochure de Dom Guéranger.

— Bon. — Et, à propos, quand communiez-vous ?

— Demain.

— Demain, c’est impossible !

— Pourquoi est-ce impossible ?

— Mais parce que, demain, l’on ne célébrera qu’une