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coup beaucoup pécher et, par un juste retour, elle vous fera beaucoup souffrir ; elle sera la porte mal fermée de votre personne et c’est par là que le Démon s’introduira et s’épandra en vous. — Veillez donc de ce côté et priez ardemment pour que le Seigneur vous vienne en aide. Dites-moi, avez-vous un chapelet ?

— Non, mon père.

— Je sens, reprit le moine, dans le ton dont vous avez prononcé ce nom, percer une certaine hostilité contre le chapelet.

— Je vous avouerai que ce moyen mécanique pour réciter des oraisons me gêne un peu ; je ne sais pas, mais il me semble qu’au bout de quelques secondes, je ne pourrais plus penser à ce que je répète ; je bafouillerais, je finirais certainement par balbutier des bêtises…

— Vous avez connu, fit tranquillement le prieur, des pères de famille. Leurs enfants leur bredouillaient des caresses, leur racontaient n’importe quoi et ils étaient cependant ravis de les entendre ! Pourquoi voulez-vous que Notre Seigneur, qui est un bon père, n’aime pas à écouter ses enfants même lorsqu’ils ânonnent, même lorsqu’ils débitent des bêtises ?

Et, après une pause, il poursuivit :

— Je flaire un peu de ruse diabolique dans votre avis, car de grandes grâces sont attachées à cette couronne d’oraisons. La Très Sainte Vierge a elle-même révélé ce moyen de prier aux Saints ; Elle a déclaré s’y complaire ; cela doit suffire pour nous le faire aimer.

Faites-le donc pour Elle qui a puissamment aidé à votre conversion, qui a intercédé auprès de son