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couturée de perles, par des fils de la Vierge que la rosée attachait avec les nœuds clairs de ses gouttes.

Il s’assit sur un banc, puis craignant une ondée, car le temps tournait à la pluie, il se retira dans sa cellule.

Il ne se sentait aucune envie de lire ; il n’avait plus qu’une hâte, atteindre, tout en la redoutant, la neuvième heure, en finir avec le lest de son âme et s’en décharger, et il priait mécaniquement, sans savoir ce qu’il marmottait, pensant toujours à cette confession, repris d’alarmes, retraversé de transes.

Il descendit un peu avant l’heure — et le cœur lui manqua, lorsqu’il pénétra dans l’auditoire.

Malgré lui, ses yeux se braquaient sur ce prie-Dieu où il avait si cruellement souffert.

Dire qu’il allait falloir se remettre sur cette claie, s’étendre encore sur ce chevalet de torture ! Il essaya de se colliger, de se résumer — et il se cabra brusquement ; il entendait les pas du moine.

La porte s’ouvrit et, pour la première fois, Durtal osa dévisager le prieur ; ce n’était plus du tout le même homme, plus du tout la figure qu’il discernait de loin ; autant le profil était hautain, autant la face était douce ; et c’était l’œil qui émoussait l’altière énergie des traits, un œil familier et profond où il y avait, à la fois, de la joie placide et de la pitié triste.

— Allons, dit-il, ne vous troublez pas, car c’est à Notre Seigneur seul qui connaît vos fautes que vous allez parler.

Et il s’agenouilla, pria longuement et vint, ainsi que la veille, s’asseoir près du prie-Dieu ; il se pencha sur Durtal et tendit l’oreille.