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III



Il se réveilla en sursaut à onze heures, avec cette impression de quelqu’un qui se sent regardé pendant qu’il dort. Il fit craquer une allumette, ne vit personne, vérifia l’heure et, retombant sur sa couche, dormit d’un trait jusqu’à près de quatre heures. Il s’habilla en hâte et courut à l’église.

Le vestibule, obscur la veille, était éclairé, ce matin-là, car un vieux moine célébrait une messe à l’autel de saint Joseph, un moine chauve et cassé, avec une barbe blanche fuyant de toutes parts, en coup de vent, volant en de très longs fils.

Un convers l’assistait, un petit homme au poil noir et au crâne rasé, pareil à une boule peinte en bleu ; il ressemblait à un bandit, avec sa barbe en désordre et son sac usé de bure.

Et ce bandit avait l’œil doux et étonné des gosses. Il servait le prêtre avec un respect presque craintif, avec une joie contenue vraiment touchante.