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tamponner le visage, car il était près de onze heures et l’office de Sexte devait commencer.

Il se rendit à la chapelle ; elle était à peu près vide, car les frères travaillaient, à ce moment, dans la fabrique de chocolat et dans les champs.

Les pères étaient à leur place, dans la rotonde. Le prieur tira la cliquette, tous s’enveloppèrent d’un grand signe de croix et à gauche, là où il ne pouvait voir, — car Durtal s’était installé à la même place que le matin, devant l’autel de saint Joseph, — une voix monta :

— « Ave, Maria, gratia plena, Dominus tecum. »

Et l’autre partie du chœur répondit :

— « Et benedictus fructus ventris tui, Jesus. »

Il y eut une seconde d’intervalle et la voix pure et faible du vieux trappiste chanta comme avant l’office des Complies, la veille :

— « Deus, in adjutorium meum intende. »

Et la liturgie se déroula, avec ses « Gloria Patri », etc., pendant lesquels les moines courbaient le front sur leurs livres, et sa série de psaumes articulés sur un ton bref d’un côté, et long de l’autre.

Durtal agenouillé se laissait aller au bercement de la psalmodie, si las qu’il ne pouvait parvenir à prier lui-même.

Puis quand Sexte se termina, tous les pères se recueillirent et Durtal surprit un regard de pitié chez le prieur qui se tourna un peu vers son banc. Il comprit que le moine implorait le Sauveur pour lui, suppliait peut-être Dieu de lui indiquer la manière dont il pourrait, demain, s’y prendre.

Durtal rejoignit M. Bruno dans la cour ; ils se serrè-