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Durtal souhaitait de mourir pour ne pas parler ; il parvint cependant à prendre le dessus, à réfréner sa honte ; il desserra les lèvres et rien ne sortit ; il resta accablé, la tête dans ses mains, retenant les larmes qu’il sentait monter.

Le moine ne bougeait pas.

Enfin, il fit un effort désespéré, bredouilla le commencement du Confiteor et dit :

— Je ne me suis pas confessé depuis mon enfance ; j’ai mené, depuis ce temps-là, une vie ignoble, j’ai……

Les mots ne vinrent pas.

Le trappiste demeurait silencieux, ne l’assistait point.

— J’ai commis toutes les débauches…, j’ai fait tout…, tout…

Il s’étrangla et les larmes contenues partirent ; il pleura, le corps secoué, la figure cachée dans ses mains.

Et comme le prieur, toujours penché sur lui, ne bronchait point.

— Mais je ne peux pas, cria-t-il, je ne peux pas !

Toute cette vie qu’il ne pouvait rejeter l’étouffait ; il sanglotait, désespéré par la vue de ses fautes et atterré aussi de se trouver ainsi abandonné, sans un mot de tendresse, sans un secours. Il lui sembla que tout croulait, qu’il était perdu, repoussé par Celui-là même qui l’avait pourtant envoyé dans cette abbaye !

Et une main lui toucha l’épaule, en même temps qu’une voix douce et basse disait :

— Vous avez l’âme trop lasse pour que je veuille la fatiguer par des questions ; revenez à neuf heures, demain, nous aurons du temps devant nous, car nous ne serons pressés, à cette heure, par aucun office ; d’ici là, pen-