Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par la flamme couchée de la bougie, lui parut sinistre ; le plafond très haut disparaissait dans l’ombre et pleuvait de la nuit.

Durtal s’assit, découragé, près de sa couche.

Et cependant, il était projeté par l’une de ces impulsions qu’on ne peut traduire, par une de ces jaculations où il semble que le cœur enfle et va s’ouvrir ; et, devant son impuissance à se déliter et à se fuir, Durtal finit par redevenir enfant, par pleurer sans cause définie, simplement par besoin de s’alléger de larmes.

Il s’affala sur le prie-Dieu, attendant il ne savait quoi qui ne vint pas ; puis devant le crucifix qui écartelait au-dessus de lui ses bras, il se mit à Lui parler, à Lui dire tout bas :

Père, j’ai chassé les pourceaux de mon être, mais ils m’ont piétiné et couvert de purin et l’étable même est en ruine. Ayez pitié, je reviens de si loin ! Faites miséricorde, seigneur, au porcher sans place ! Je suis entré chez vous, ne me chassez pas, soyez bon hôte lavez-moi !

Ah ! fit-il soudain, cela me fait penser que je n’ai pas vu le P. Étienne qui devait m’indiquer l’heure à laquelle le confesseur me recevrait demain ; il aura sans doute oublié de le consulter ; tant mieux, au fond cela me reculera d’un jour ; j’ai l’âme si courbaturée que j’ai vraiment besoin qu’elle repose.

Il se déshabilla, soupirant : il faut que je sois debout à trois heures et demie, pour être dans la chapelle à quatre : je n’ai pas de temps à perdre, si je veux dormir. Pourvu que je n’aie pas de névralgies, demain, et que je m’éveille avant l’aube !