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vait l’ordinaire de la communauté dans une pièce à côté de la loge du frère concierge, mais il ne pénétrait pas dans le couvent.

Et Durtal le questionnant sur l’opinion des villages environnants au sujet des moines, le paysan eut sans doute peur de se compromettre, car il répondit :

— Il y en a qui n’en disent rien.

Durtal commençait à s’ennuyer, quand, enfin, au détour d’une allée, il aperçut une immense bâtisse, au-dessus de lui.

— La v’là, la Trappe ! fit le paysan qui prépara ses freins pour la descente.

De la hauteur où il était, Durtal plongeait par-dessus les toits, considérait un grand jardin, des bois et devant eux une formidable croix sur laquelle se tordait un Christ.

Puis la vision disparut, la voiture reprenait à travers les taillis, descendait par des chemins en lacets dont les feuillages interceptaient la vue.

Ils aboutirent enfin, après de lents circuits, à un carrefour au bout duquel se dressait une muraille percée d’une large porte. La carriole s’arrêta.

— Vous n’avez qu’à sonner, dit le paysan qui indiqua à Durtal une chaîne de fer pendant le long du mur ; et il ajouta :

— Faudra-t-il que je revienne vous chercher demain ?

— Non.

— Alors vous restez ? — et le paysan le regarda stupéfié et il tourna bride et remonta la côte.

Durtal demeurait anéanti, la valise à ses pieds, devant cette porte ; le cœur lui battait à grands coups ; toute